Chapitre IX

Temple de Salomon, Jérusalem
27 décembre 1118 - 7 h

Ainsi qu'en avaient décidés les nobles et le patriarche de Jérusalem, la couronne avait été remise à Baudouin, comte d'Edesse1. Devenant ainsi Baudouin II, celui-ci avait immédiatement remis la destinée de son ancien territoire entre les mains de son cousin, Josselin de Courtenay. Le successeur de Baudouin 1er aux commandes du comté d'Edesse prenait donc également sa succession au trône de Jérusalem.

Habile aux armes, grand et bien charpenté, le nouveau roi de Jérusalem s'était imposé rapidement. Maintes fois, le comte Eustache de Grenier avait tenté de le dissuader d'octroyer beaucoup de place à ces neuf chevaliers champenois guidés par Hugues de Payns, mais il était resté sourd aux arguments qui lui étaient présentés. Les chevaliers s'étaient donc installés dans les ruines du Temple de Salomon.

Les chevaliers avaient prêté serment devant le nouveau patriarche de Jérusalem, Gormond de Picquigny. Ils avaient alors fait trois vœux : pauvreté, chasteté et obéissance. Comment ne pas voir en ces personnages dont la seule présence faisait taire, des dignes représentants du Christ ?

Mais en ce jour de la Saint-Jean l'Evangéliste, les neuf chevaliers étaient réunis avec deux autres personnages, dans une aile du palais du roi de Jérusalem. Les capuchons rabattus, nul ne pouvait distinguer les visages des deux grandes silhouettes. L'une était gracile, la seconde était large d'épaules. Aucun d'eux ne prit la parole durant l'étrange cérémonie.

Hugues de Payns était au centre d'un cercle formé des personnes présentes. Dans ses mains, il tenait un vase. Fait d'un métal inconnu, celui-ci réfléchissait le moindre rayon de lumière, semblant éclairer lui-même. Passant au travers d'une fenêtre étroite, le soleil matinal frappait l'objet de ses rayons orangés et éclairait la pièce d'une lumière presque irréelle.

- Mes frères, par vos vœux, vous avez juré obéissance. C'est aujourd'hui le moment de montrer que vous en êtes dignes.

Les huit chevaliers plièrent le genou gauche et s'appuyèrent sur leur épée restée verticale devant eux. Hugues de Payns parlait calmement mais d'une voix forte qui résonnait dans la vaste pièce voûtée. Le caractère sacré du lieu ajoutait une dimension particulière à son discours.

- Notre travail, désormais, consiste à nous transformer en même temps que nous transformerons ce symbole qui a traversé les siècles. Le temps est venu de le protéger autrement. Son contenu partira à l'Occident alors que nous le conserverons en Orient. Seul le produit de cette transformation restera au sein de notre ordre. Devenant une épée, il deviendra le symbole de la puissance matérielle dont nous aurons besoin pour œuvrer. Militaires et religieux, nous serons ainsi en mesure de répondre à l'appel qui nous a été lancé.

[...]

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