Le Chant du Bouvier
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Saarlok
arexa
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Re: Le Chant du Bouvier
Je vais aussi ajouter le " Chant du bouvier " :
Le Chant du Bouvier
Chant régional, le Chant du Bouvier (un bouvier est un laboureur) est parfois considéré comme le seul chant cathare connu à ce jour.
Version occitane
Quand le bouié ben de laura (bis)
Planto sou agulhado
A.E.I.O.U.
Planto sou agulhado
Trobo sa fenno al pé del foc (bis)
Tristo, descounsoulado
A.E.I.O.U.
Tristo, descounsoulado
Se sios malauto dit nous oc (bis)
Ta ferem un poutatge
A.E.I.O.U.
Ta ferem un poutatge
Am uno rabo, am un caulet (bis)
Une lauzeto magre
A.E.I.O.U.
Une lauzeto magre
Quand sarei morto enterro me (bis)
Al pu foun de la cabo
A.E.I.O.U.
Al pu foun de la cabo
Met-me lous pès a la paret (bis)
Le cap sous la canèlo
A.E.I.O.U.
Le cap sous la canèlo
Et los roumieous que passaran (bis)
Pendran aigo senhado
A.E.I.O.U.
Pendran aigo senhado
Et diran qui es morto aqui ? (bis)
Aco es la paouvro Joana
A.E.I.O.U.
Aco es la paouvro Joana
Sen es anabo en paradis (bis)
Al cèl ambe sus crabos
A.E.I.O.U.
Al cèl ambe sus crabos
Traduction en français
Quand le bouvier rentre du labour (bis)
Il plante son aiguillon
A.E.I.O.U.
Il plante son aiguillon
Il trouve sa femme au «pied» du feu (bis)
Triste, inconsolée
A.E.I.O.U.
Triste, inconsolée
Si tu es malade dis-moi oui (bis)
Je te ferai un potage
A.E.I.O.U.
Je te ferai un potage
Avec une rave, avec un chou (bis)
Une alouette maigre
A.E.I.O.U.
Une alouette maigre
Quand je serai morte enterre-moi (bis)
Au plus profond de la cave
A.E.I.O.U.
Au plus profond de la cave
Mets-moi les pieds contre le mur (bis)
La tête sous la cannelle
A.E.I.O.U.
La tête sous la cannelle
Et les pèlerins qui passeront (bis)
Prendront l'eau bénite
A.E.I.O.U.
Prendront l'eau bénite
Et diront : qui est mort ici ? (bis)
Ca c'est la pauvre Jeanne
A.E.I.O.U.
Ca c'est la pauvre Jeanne
S'en est allée au paradis (bis)
Au ciel avec ses chèvres
A.E.I.O.U.
Au ciel avec ses chèvres
Le Chant du Bouvier
Chant régional, le Chant du Bouvier (un bouvier est un laboureur) est parfois considéré comme le seul chant cathare connu à ce jour.
Version occitane
Quand le bouié ben de laura (bis)
Planto sou agulhado
A.E.I.O.U.
Planto sou agulhado
Trobo sa fenno al pé del foc (bis)
Tristo, descounsoulado
A.E.I.O.U.
Tristo, descounsoulado
Se sios malauto dit nous oc (bis)
Ta ferem un poutatge
A.E.I.O.U.
Ta ferem un poutatge
Am uno rabo, am un caulet (bis)
Une lauzeto magre
A.E.I.O.U.
Une lauzeto magre
Quand sarei morto enterro me (bis)
Al pu foun de la cabo
A.E.I.O.U.
Al pu foun de la cabo
Met-me lous pès a la paret (bis)
Le cap sous la canèlo
A.E.I.O.U.
Le cap sous la canèlo
Et los roumieous que passaran (bis)
Pendran aigo senhado
A.E.I.O.U.
Pendran aigo senhado
Et diran qui es morto aqui ? (bis)
Aco es la paouvro Joana
A.E.I.O.U.
Aco es la paouvro Joana
Sen es anabo en paradis (bis)
Al cèl ambe sus crabos
A.E.I.O.U.
Al cèl ambe sus crabos
Traduction en français
Quand le bouvier rentre du labour (bis)
Il plante son aiguillon
A.E.I.O.U.
Il plante son aiguillon
Il trouve sa femme au «pied» du feu (bis)
Triste, inconsolée
A.E.I.O.U.
Triste, inconsolée
Si tu es malade dis-moi oui (bis)
Je te ferai un potage
A.E.I.O.U.
Je te ferai un potage
Avec une rave, avec un chou (bis)
Une alouette maigre
A.E.I.O.U.
Une alouette maigre
Quand je serai morte enterre-moi (bis)
Au plus profond de la cave
A.E.I.O.U.
Au plus profond de la cave
Mets-moi les pieds contre le mur (bis)
La tête sous la cannelle
A.E.I.O.U.
La tête sous la cannelle
Et les pèlerins qui passeront (bis)
Prendront l'eau bénite
A.E.I.O.U.
Prendront l'eau bénite
Et diront : qui est mort ici ? (bis)
Ca c'est la pauvre Jeanne
A.E.I.O.U.
Ca c'est la pauvre Jeanne
S'en est allée au paradis (bis)
Au ciel avec ses chèvres
A.E.I.O.U.
Au ciel avec ses chèvres
Re: Le Chant du Bouvier
C'est dommage qu'on ne puisse pas rattacher un morceau de musique (si oui expliquez moi comment), car Malicorne dans son album Hexagone a adapté cette vieille chanson occitane.
Dans leur version, Jeanne, la femme du bouvier, demande à être enterrée au fond de la mare, et l'eau de cette mare devient ainsi "l'eau de la Vie"....
Dans leur version, Jeanne, la femme du bouvier, demande à être enterrée au fond de la mare, et l'eau de cette mare devient ainsi "l'eau de la Vie"....
Saarlok- Néophyte
- Nombre de messages : 4
Age : 51
Localisation : Toujours trou du cul du monde, mais internet est passé à 15 Mo
Date d'inscription : 13/11/2006
Re: Le Chant du Bouvier
Je peux juste mettre une chanson de Cabrel en rapport avec notre quête :
Les chevaliers Cathares.
Edit Meta.X : En image c'est mieux !
Les chevaliers Cathares.
Edit Meta.X : En image c'est mieux !
indice
Un indice pour la deuxième énigme :
A vous de comprendre!...
« …Mais, si le Seigneur vrai Dieu, avait, au sens propre et principal,
Créé les ténèbres et le mal,
Il serait à n’en pas douter la cause et le principe de tout mal,
Ce qu’il est vain et funeste de penser. »
Créé les ténèbres et le mal,
Il serait à n’en pas douter la cause et le principe de tout mal,
Ce qu’il est vain et funeste de penser. »
A vous de comprendre!...
magique- Magus Aenigma Duo
- Nombre de messages : 857
Age : 77
Localisation : VAR
Date d'inscription : 24/10/2006
Re: Le Chant du Bouvier
Magique,
La Liberté principale , c'est de savoir lire !
83ème à franchir cette étape .
Cordialement
La Liberté principale , c'est de savoir lire !
83ème à franchir cette étape .
Cordialement
Clovis- Practicus Adeptus Minor
- Nombre de messages : 189
Age : 71
Localisation : La Brie ne fait pas le Moine...
Date d'inscription : 07/11/2006
bibilol2- Magister Templi
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Age : 66
Localisation : Dans l'antre
Date d'inscription : 02/03/2007
Re: Le Chant du Bouvier
bibilol2 a écrit:A.E.I.O.U
signifierait : Austria Est Impera Orbi Universatis: il appartient à l'austria de diriger le monde.
L'austria serait l'ancien nom de Saint Lizier dans l'Ariège.
Saint Lizier est une étape d'une route secondaire du pèlerinage à Compostelle. Une confrérie de St Jacques y fut créée en 1533
magique- Magus Aenigma Duo
- Nombre de messages : 857
Age : 77
Localisation : VAR
Date d'inscription : 24/10/2006
voyelles
Bonjour, je viens de lire sur un autre forum, un post de notre ami mrrire22 :
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Il me semble que ce lien a tout à fait sa place ici?... Tout à fait sa place étant déjà présente mais autre part comme cité plus haut
Mais c'est surtout cela que je voulais vous faire lire en rapport avec le poème de Rimbaud sur les voyelles que vous connaissez sûrement mais que je vous rappelle ici :
A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,
Golfes d'ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;
U, cycles, vibrement divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;
O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges :
- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux !
"Voyelles" est de loin le plus célèbre des poèmes de Rimbaud. Il est vrai que ce poème de Rimbaud partage avec les "Correspondances" de Baudelaire le privilège d'être l'un des textes le plus souvent soumis à la réflexion. Tous deux ont cherché à découvrir au-delà des apparences le sens profond du mystère universel. Rédigé dans les semaines qui suivent les "Lettres du voyant", recopié par Verlaine et reproduit dans ses Poètes maudits, le fameux sonnet se prête évidement à de nombreuses interrogations.
L'alpha et l'oméga
Le premier vers fixe les perceptions chromatiques des 5 voyelles de l'alphabet français, A,E,I,O,U, énumérées ici dans le désordre avec inversion entre le U et le O. Le O final de la série lui fait évoquer l'oméga, la lettre ultime de l'alphabet grec. De la première lettre A (alpha), à la dernière O (Oméga) le système est complet, parfait. Les voyelles sont en majuscules, la construction parataxique (sans lien) avec le mot "voyelles", détaché comme une sorte d'incantation. La syntaxe du poème se compose de quatre distiques (groupe de vers, de même sens) dans l'ordre des voyelles réalisée par l'artifice de l'enjambement des golfes d'ombre. La dernière apostrophe, comme solennelle "- O l'Oméga rayon violet de Ses Yeux", isolée par le tiret, est le point d'orgue confirmant la vision du "voyant". Les tournures principales, qui contiennent les images associées aux lettres, sont nominales, en substantifs compréhensifs "corset", "golfes". On va toujours, d'un mouvement ascensionnel régulier, de la lettre au mot, puis du mot à la phrase qu'est le vers, puis au tissu de mots qu'est le poème. Ainsi est suggéré le pouvoir du Verbe poétique. Que le A soit noir ou bleu importe peu finalement ; on joue avec les lettres pour figurer les diversités. Le texte offre une lecture plurielle, les mots éveillent des images bien plus encore qu'ils n'en évoquent et c'est un monde nouveau que l'on veut mettre en mouvement. Les "naissances latentes" sont celles des poèmes à venir, en devenir dans les mots, images fulgurantes, "illuminations" verbales se succèdent dans un mouvement continu comme un prélude. Le poème constitué d'une seule phrase rebondit sur les lettres, sur les mots et contribue peu à peu à donner l'impression d'assister à sa genèse à travers les images qu'il éveille plus qu'il n'évoque.
Correspondances
Le premier système de structuration du monde, pour le poète est celui des mots, dont un des éléments, les voyelles en sont les quintessences. Mais un second système vient doubler le premier, celui des couleurs. Aux cinq voyelles Rimbaud fait correspondre cinq couleurs, selon un choix qu'il indiquera plus tard gratuit ou arbitraire. Il invente la couleur des voyelles sans logique. Certains ont souligné un ordre : d'abord le contraste "noir/blanc" puis les trois couleurs du spectre,"rouge/vert/bleu". Le dernier vers indique aussi le violet situé à l'extrémité du spectre. Le noir, qui commence la série se conçoit comme une origine, symbolise du néant, des ténèbres d'où va surgir la lumière, le blanc qui les contient toutes. Mais tout le problème de "Voyelles" n'est pas de savoir pourquoi A est noir plutôt que bleu, il est d'admettre que A est un objet avec lequel on peut jouer, un signe auquel on peut donner diverses interprétation dans une sorte d'alchimie du langage. Étonnante modernité que l'entreprise rimbaldienne qui tient à la volonté de considérer les lettres, les mots, comme de simples objets graphiques ou sonores qui ont un sens en soi mais qui peuvent en éveiller une multitude d'autres. Rimbaud cherche à créer avec son alphabet coloré, un verbe poétique accessible, une féconde polysémie (un mot qui éveille plusieurs sens).
Les étapes de l'alchimie rimbaldienne.
Pour Rimbaud la poésie n'est pas une simple démarche intellectuelle, mais elle est liée à la vie. Elle n'en est pas le reflet mais la force, le principe même. Le rôle du "Voyant" est donc d'impliquer son existence dans cette recherche, de s'infliger les "souffrances" nécessaires pour arriver à l'inconnu. Son entreprise commence avec le A des réalités obscures puis l'avancée vers l'innocence, la pureté incarnée par la lettre E, comme avance le "golfe" sur la terre ou sur le vers suivant. C'est l'étape de l'abri sous les "tentes. Puis c'est le I de l'éclosion finale, éclos "des lèvres". Une pause avec le U lui dévoile des paysages ou paissent des créatures hallucinatoires. Enfin pour achever le cycle, la délivrance du "clairon" qui décharge ses visions, ses éblouissements. Le poète a ainsi effleuré les "Anges" symbole de perfection, et sa poésie devient le "rayon" de "Ses Yeux". Alliant sonorités et couleurs, "Voyelles" incarne le vœu du "dégagement rêvé" des sens dans la recréation d'un monde. Ainsi réinvente-t-il un alphabet conjuguant les sens et qui poussera en avant la poésie.
Associations et synesthésies
"Voyelles" est le premier poème rimbaldien à mettre en avant l'association comme principe d'écriture. Chaque lettre éveille de multiples images, d'impressions visuelles, sonores, olfactives. Chaque voyelle est illustrée d'un ou plusieurs tableaux qui sont autant d'hallucinations, d'illuminations. Il y en a treize (comme les apôtres) dans une sorte de kaléidoscope mettant à contribution tous les sens. Il y a fusion des évocations de couleurs, d'odeurs, de sons, de mouvements, avec une préférence des formes et des sons. "A" prononcé est un cri d'horreur qui renvoie aux noirceurs, aux puanteurs mais la forme de la voyelle rappelle l'abdomen d'une mouche. Ces associations rimbaldiennes rappellent les fameuses "synesthésies" baudelairiennes, comparaisons de la fraîcheur des parfums à celle des chairs d'enfants, de la douceur des hautbois à celle du vert des prairies. Beaucoup ont cherché un sens, à ces étranges associations. "E" blanc, le féminin, l'innocence, la pureté est associée à "vapeur", "glacier", "ombelles", "I" rouge, de l'ivresse, de la folie, du sang rouge qui monte à la tête est associé à "sang", "rire", "ivresse", "U", vert des vallées par la forme est associé à "cycle", "paix", "animaux", "rides", et "O" bleu par analogie de son avec l'eau est associé à "clairon", "silence", "anges". Si on examine la forme de la voyelle, et si on peut trouver dans la majuscule A le dessin de la mouche, triangle formé par l'insecte, ailes repliées, il est bien difficile de découvrir une correspondance sonore entre la prononciation du "a" et la perception de la couleur "noir". Rien de très probant dans la démonstration. Par association d'idées on pourra trouver des analogies avec les "grands fronts studieux" et la forme en U des rides, creusées par la réflexion. On retrouve le même procédé de "sorcellerie évocatoire" chez Baudelaire dans la recherche de la vérité par le déchiffrement du mystère, la sublimation du plomb en or. Le dernier tercet est sur ce point révélateur. La forme du O peut symboliser le pavillon du "Clairon", qui doit annoncer le silence de la fin des temps, l'apocalypse, en "strideurs étranges". Les "silences" que Rimbaud prétendait écrire sont ceux du tiret, de l'indicible, de l'ineffable. L'extase de l'apostrophe O, peut symboliser la réussite de l'alchimie du "violet" fusion des "ivresses" du I rouge et des "strideurs" du O bleu. Il reste à s'interroger sur l'appartenance des yeux, magnifiés par les deux majuscules, sont-ils ceux de Rimbaud ?
Conclusion
On pourrait voir dans ce sonnet un simple exercice d'audition colorée, un truquage poétique sur des voyelles, ou même un canular. Le poème n'a pas fini de faire couler l'encre et c'était certainement le but. "Voyelles" est avant tout un poème d'éveil qui cherche à parler et à faire parler. L'exercice de style pourrait paraître ludique mais n'en est pas moins fécond car il témoigne de l'arbitraire de tout jeu associatif. "Voyelles" restera le texte le plus représentatif de ce dépassement rimbaldien, à la recherche de ses visions, de son voyage, de sa voyance. La touche finale de "Ses Yeux" qui s'arrête sur le violet, ultime couleur du spectre solaire fait de "Voyelles" le texte le plus moderne écrit par Rimbaud."
Loin de moi l'idée de faire de la discrimination de forum vu que celui-ci m'ai plus cher à mes yeux cher Magique. Ce post que j'ai mis sur le Cercle est en place depuis quasiment mon arrivé en ce lieu dans une autre partie de ce forum dont je vous transmet le lien s'y référenta écrit:Bonsoir à tous et à toutes,
Après pas mal de recherche je suis tombé sur un essai qui est sur "le symbole de Montségur" comme l'indique le titre de ce sujet, d'ailleurs.
Voici le lien en question :
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Ce texte est un essai qui nous parle de beaucoup de choses ayant un rapport avec notre quête. En effet, on y parle du chant du Bouvier et du rapport entre celui-ci et le chant des voyelle lors de cérémonies religieuses égyptiennes. Tiens nous voilà en égypte en partant d'un site cathare renommé...
Bonne lecture à tous et à toutes !!!
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Il me semble que ce lien a tout à fait sa place ici?... Tout à fait sa place étant déjà présente mais autre part comme cité plus haut
Mais c'est surtout cela que je voulais vous faire lire en rapport avec le poème de Rimbaud sur les voyelles que vous connaissez sûrement mais que je vous rappelle ici :
Le chant des voyelles
A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,
Golfes d'ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;
U, cycles, vibrement divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;
O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges :
- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux !
"Voyelles" est de loin le plus célèbre des poèmes de Rimbaud. Il est vrai que ce poème de Rimbaud partage avec les "Correspondances" de Baudelaire le privilège d'être l'un des textes le plus souvent soumis à la réflexion. Tous deux ont cherché à découvrir au-delà des apparences le sens profond du mystère universel. Rédigé dans les semaines qui suivent les "Lettres du voyant", recopié par Verlaine et reproduit dans ses Poètes maudits, le fameux sonnet se prête évidement à de nombreuses interrogations.
L'alpha et l'oméga
Le premier vers fixe les perceptions chromatiques des 5 voyelles de l'alphabet français, A,E,I,O,U, énumérées ici dans le désordre avec inversion entre le U et le O. Le O final de la série lui fait évoquer l'oméga, la lettre ultime de l'alphabet grec. De la première lettre A (alpha), à la dernière O (Oméga) le système est complet, parfait. Les voyelles sont en majuscules, la construction parataxique (sans lien) avec le mot "voyelles", détaché comme une sorte d'incantation. La syntaxe du poème se compose de quatre distiques (groupe de vers, de même sens) dans l'ordre des voyelles réalisée par l'artifice de l'enjambement des golfes d'ombre. La dernière apostrophe, comme solennelle "- O l'Oméga rayon violet de Ses Yeux", isolée par le tiret, est le point d'orgue confirmant la vision du "voyant". Les tournures principales, qui contiennent les images associées aux lettres, sont nominales, en substantifs compréhensifs "corset", "golfes". On va toujours, d'un mouvement ascensionnel régulier, de la lettre au mot, puis du mot à la phrase qu'est le vers, puis au tissu de mots qu'est le poème. Ainsi est suggéré le pouvoir du Verbe poétique. Que le A soit noir ou bleu importe peu finalement ; on joue avec les lettres pour figurer les diversités. Le texte offre une lecture plurielle, les mots éveillent des images bien plus encore qu'ils n'en évoquent et c'est un monde nouveau que l'on veut mettre en mouvement. Les "naissances latentes" sont celles des poèmes à venir, en devenir dans les mots, images fulgurantes, "illuminations" verbales se succèdent dans un mouvement continu comme un prélude. Le poème constitué d'une seule phrase rebondit sur les lettres, sur les mots et contribue peu à peu à donner l'impression d'assister à sa genèse à travers les images qu'il éveille plus qu'il n'évoque.
Correspondances
Le premier système de structuration du monde, pour le poète est celui des mots, dont un des éléments, les voyelles en sont les quintessences. Mais un second système vient doubler le premier, celui des couleurs. Aux cinq voyelles Rimbaud fait correspondre cinq couleurs, selon un choix qu'il indiquera plus tard gratuit ou arbitraire. Il invente la couleur des voyelles sans logique. Certains ont souligné un ordre : d'abord le contraste "noir/blanc" puis les trois couleurs du spectre,"rouge/vert/bleu". Le dernier vers indique aussi le violet situé à l'extrémité du spectre. Le noir, qui commence la série se conçoit comme une origine, symbolise du néant, des ténèbres d'où va surgir la lumière, le blanc qui les contient toutes. Mais tout le problème de "Voyelles" n'est pas de savoir pourquoi A est noir plutôt que bleu, il est d'admettre que A est un objet avec lequel on peut jouer, un signe auquel on peut donner diverses interprétation dans une sorte d'alchimie du langage. Étonnante modernité que l'entreprise rimbaldienne qui tient à la volonté de considérer les lettres, les mots, comme de simples objets graphiques ou sonores qui ont un sens en soi mais qui peuvent en éveiller une multitude d'autres. Rimbaud cherche à créer avec son alphabet coloré, un verbe poétique accessible, une féconde polysémie (un mot qui éveille plusieurs sens).
Les étapes de l'alchimie rimbaldienne.
Pour Rimbaud la poésie n'est pas une simple démarche intellectuelle, mais elle est liée à la vie. Elle n'en est pas le reflet mais la force, le principe même. Le rôle du "Voyant" est donc d'impliquer son existence dans cette recherche, de s'infliger les "souffrances" nécessaires pour arriver à l'inconnu. Son entreprise commence avec le A des réalités obscures puis l'avancée vers l'innocence, la pureté incarnée par la lettre E, comme avance le "golfe" sur la terre ou sur le vers suivant. C'est l'étape de l'abri sous les "tentes. Puis c'est le I de l'éclosion finale, éclos "des lèvres". Une pause avec le U lui dévoile des paysages ou paissent des créatures hallucinatoires. Enfin pour achever le cycle, la délivrance du "clairon" qui décharge ses visions, ses éblouissements. Le poète a ainsi effleuré les "Anges" symbole de perfection, et sa poésie devient le "rayon" de "Ses Yeux". Alliant sonorités et couleurs, "Voyelles" incarne le vœu du "dégagement rêvé" des sens dans la recréation d'un monde. Ainsi réinvente-t-il un alphabet conjuguant les sens et qui poussera en avant la poésie.
Associations et synesthésies
"Voyelles" est le premier poème rimbaldien à mettre en avant l'association comme principe d'écriture. Chaque lettre éveille de multiples images, d'impressions visuelles, sonores, olfactives. Chaque voyelle est illustrée d'un ou plusieurs tableaux qui sont autant d'hallucinations, d'illuminations. Il y en a treize (comme les apôtres) dans une sorte de kaléidoscope mettant à contribution tous les sens. Il y a fusion des évocations de couleurs, d'odeurs, de sons, de mouvements, avec une préférence des formes et des sons. "A" prononcé est un cri d'horreur qui renvoie aux noirceurs, aux puanteurs mais la forme de la voyelle rappelle l'abdomen d'une mouche. Ces associations rimbaldiennes rappellent les fameuses "synesthésies" baudelairiennes, comparaisons de la fraîcheur des parfums à celle des chairs d'enfants, de la douceur des hautbois à celle du vert des prairies. Beaucoup ont cherché un sens, à ces étranges associations. "E" blanc, le féminin, l'innocence, la pureté est associée à "vapeur", "glacier", "ombelles", "I" rouge, de l'ivresse, de la folie, du sang rouge qui monte à la tête est associé à "sang", "rire", "ivresse", "U", vert des vallées par la forme est associé à "cycle", "paix", "animaux", "rides", et "O" bleu par analogie de son avec l'eau est associé à "clairon", "silence", "anges". Si on examine la forme de la voyelle, et si on peut trouver dans la majuscule A le dessin de la mouche, triangle formé par l'insecte, ailes repliées, il est bien difficile de découvrir une correspondance sonore entre la prononciation du "a" et la perception de la couleur "noir". Rien de très probant dans la démonstration. Par association d'idées on pourra trouver des analogies avec les "grands fronts studieux" et la forme en U des rides, creusées par la réflexion. On retrouve le même procédé de "sorcellerie évocatoire" chez Baudelaire dans la recherche de la vérité par le déchiffrement du mystère, la sublimation du plomb en or. Le dernier tercet est sur ce point révélateur. La forme du O peut symboliser le pavillon du "Clairon", qui doit annoncer le silence de la fin des temps, l'apocalypse, en "strideurs étranges". Les "silences" que Rimbaud prétendait écrire sont ceux du tiret, de l'indicible, de l'ineffable. L'extase de l'apostrophe O, peut symboliser la réussite de l'alchimie du "violet" fusion des "ivresses" du I rouge et des "strideurs" du O bleu. Il reste à s'interroger sur l'appartenance des yeux, magnifiés par les deux majuscules, sont-ils ceux de Rimbaud ?
Conclusion
On pourrait voir dans ce sonnet un simple exercice d'audition colorée, un truquage poétique sur des voyelles, ou même un canular. Le poème n'a pas fini de faire couler l'encre et c'était certainement le but. "Voyelles" est avant tout un poème d'éveil qui cherche à parler et à faire parler. L'exercice de style pourrait paraître ludique mais n'en est pas moins fécond car il témoigne de l'arbitraire de tout jeu associatif. "Voyelles" restera le texte le plus représentatif de ce dépassement rimbaldien, à la recherche de ses visions, de son voyage, de sa voyance. La touche finale de "Ses Yeux" qui s'arrête sur le violet, ultime couleur du spectre solaire fait de "Voyelles" le texte le plus moderne écrit par Rimbaud."
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Re: Le Chant du Bouvier
Merci beaucoup m'sieur Meta
Bon week end
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